Article original par Emilie Zapalski
Les missions locales veulent être au centre de l'organisation de la garantie jeunes. Le dispositif va commencer à être déployé sur dix territoires à partir de septembre 2013 dans le cadre d'une expérimentation qui concernera 10.000 jeunes. En 2014, dix autres territoires seront intégrés au dispositif qui concernera 30.000 jeunes au total. En vitesse de croisière, après généralisation du dispositif sur tout le territoire, le gouvernement espère toucher 100.000 jeunes par an, bien loin des 10.000 bénéficiaires du RSA jeunes.
"Les 35 missions locales présentes dans les territoires retenus pour la phase pilote, doivent être au centre de l'organisation de la garantie jeunes." Dans sa lettre d'information du 26 août 2013, l'Union nationale des missions locales (UNML) est claire sur le rôle, central, qu'elle veut voir jouer par les missions locales dans la nouvelle garantie jeunes qui doit être déployée dès septembre. Ce dispositif, annoncé en décembre 2012 et présenté le 6 juin 2013 par Jean-Marc Ayrault, est destiné aux jeunes âgés entre 18 et 25 ans qui sont en grande précarité, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas de travail, ne sont pas en formation ni à l'école. Le dispositif prévoit pour ces jeunes une garantie à hauteur de 483 euros par mois, soit le montant du RSA jeunes, pendant une période d'un an, renouvelable par tranche de douze mois. L'objectif : permettre à ces jeunes de retrouver un emploi ou une formation. Dans un communiqué du 12 août, le Premier ministre a annoncé que le déploiement allait démarrer dès septembre 2013 sur dix sites (1) qui ont été choisis parmi 35 dossiers, à l'issue d'un appel à projets lancé en juillet 2013. Pour cette première phase, 10.000 jeunes devraient être pris en charge. En 2014, dix autres territoires (2), également choisis dans le cadre de l'appel à projets, seront intégrés dans le dispositif qui concernera au total 30.000 jeunes. "Les modalités de son expérimentation ne doivent pas la réduire à un nouveau dispositif d'accompagnement contractualisé dans un parcours d'insertion, mais elles doivent permettre d'imaginer les conditions d'un réel processus émancipateur des jeunes, tant pour l'individu que pour la société", souligne l'UNML dans sa lettre, précisant que la circulaire sur la mise en œuvre de la garantie "doit bien positionner les missions locales (et leurs présidents) comme acteurs incontournables à côté de l'Etat et des conseils généraux". Elle insiste aussi sur le fait que cette garantie est l'occasion de "réinventer la participation des jeunes avec des approches innovantes afin de ne pas enfermer les missions locales dans la voie unique de l'accompagnement vers l'emploi".
100.000 jeunes par an en rythme de croisière
La garantie jeunes, qui fait partie des mesures du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale adopté le 21 janvier 2013, est destinée à remplacer le dispositif de RSA jeunes, instauré en 2009 et qui n'a jamais réussi à décoller, avec seulement 10.000 bénéficiaires. A la différence de celui-ci, aucune condition n'est avancée concernant l'expérience professionnelle du jeune, alors que ans le cadre du RSA jeunes, il fallait avoir travaillé au moins deux ans sur les trois dernières années. Des modalités d'accès jugées trop contraignantes. En revanche, la nouvelle garantie jeunes s'appuie tout comme le RSA jeunes sur un dispositif contractuel. Un contrat d'engagements réciproques doit être ainsi conclu entre le jeune et la mission locale qui le suit. Celle-ci doit régulièrement lui proposer des offres d'emploi ou de formation. Dans chaque département, une commission locale est également chargée de décider des entrées et des sorties du dispositif.
Après une évaluation de l'expérimentation, le dispositif devrait être généralisé à tout le territoire à partir de 2015. En rythme de croisière, le gouvernement espère que le programme pourra toucher 100.000 jeunes par an. Coût du dispositif : 500 millions d'euros. 30 millions d'euros sont prévus pour 2014 dans le budget du ministère du Travail.
Emilie Zapalski
(1) Les dix territoires retenus pour la première vague de test : les Bouches-du-Rhône, la Seine-Saint-Denis, la Réunion, le Vaucluse, le Lot-et-Garonne, l'Allier associé au Puy-de-Dôme, le Finistère, l'Eure, l'Aude, et les Vosges.
(2) Les dix territoires retenus pour le déploiement en 2014 : l'Essonne, la Seine-Maritime, le Pas-de-Calais, la Dordogne, l'Ille-et-Vilaine, la Savoie, l'Oise, l'Aisne, l'Isère, et la Creuse.